Conférence du 5 octobre : exposé de M. Riba

Publié le par Collectif Béarn pour un Moratoire OGM

Conférence débat contradictoire OGM

Foire Expo de Pau – le 5 octobre 2007

Partie 3 / 6

Forsans :

Et pourtant je vous le jure, j'ai entendu dans la salle : c'est n'importe quoi! Ca veut dire que, au delà du propos tenu par Mr Vélot, il y a très vraisemblablement d'autres points de vue dans la salle. Alors, pour aller voir ce que ca peut être, autrement, autre chose, vous avez la parole, Mr Riba.





- Intervention de Monsieur Riba:

Il y a un certain nombre de choses qui ont été dites par Vélot et que je partage, des choses que je ne partage pas, mais je pense que le moment n'est pas encore venu de répondre point à point, je suis prêt à répondre point à point. Je vais, dans un premier temps dire que je suis d'accord avec lui sur le fait qu'il ne faut pas faire d'amalgame, et dire qu'on est pro-OGM ou dire qu'on est contre-OGM n'a pas grand sens. JE suis d'accord avec lui sur le fait qu'il faut mieux traiter les affaires au cas par cas, argument par argument, parce que moi le premier, on me médit souvent dans la catégorie des pro-OGM, je pense que je suis plus anti-OGM que certains anti-OGM.

Parce que j'ai une série d'arguments qui me permet de m'opposer fermement à certains OGM. En revanche, je suis pour certains OGM déjà existants et notament le cas du maïs Bt. Pourquoi, et quel est mon parcours?

Je suis originaire de près d'ici, je suis rentré à l'INRA, j'ai travaillé 17 ans en lutte biologique, c'est à dire pour trouver des procédés que Vélot a évoqués, qui consistent à remplacer des produits chimiques par des produits bio. JE ne suis pas un fana de la biotech.

Deuxièmement, j'ai été aussi, ca ne va pas vous plaire, le premier chercheur français qui a travaillé sur le maïs Bt dès 1992.

Et troisièmement, c'est moi qui ai fondé le programme d'agriculture biologique à l'INRA en 1998.

Alors vous vous dites, ce type là, il est plein de contradictions, il ne sait pas ce qu'il veut. Ce que je veux, je suis fonctionnaire, j'appartiens à la recherche publique, et mon devoir, est de proposer à l'ensemble des citoyens une palette avec des arguments pour, des arguments contre, des évaluations d'avantages et de risques, mais il n'est pas de mon devoir de trancher pour ou contre, j'offre cette palette et les citoyens s'organisent et les acteurs économiques, etc, pour s'approprier ceci, ou ne pas se l'approprier.

Je ne défendrai jamais l'idée que les OGM sont une panacée et je suis entièrement d'accord avec Vélot quand il dit que lorsqu'on veut faire des biotech, il faut aussi vérifier les autres champs de recherche qui peuvent être pertinents dans le même objectif.

Et ca, ca a 2 incidences. La première, c'est que avant de lancer un programme de biotech, on se doit d'avoir une politique nationale cohérente en ressources génétiques. Eh bien je peux vous dire, et vous démontrer, vous donner tous les chiffres que vous voudrez, que la France est l'un des meilleurs pays au monde en matière de ressources génétiques naturelles. Elles sont ouvertes, elles sont accessibles, elles sont caractérisées et elles sont libres d'accès. Et l'INRA est le principal détenteur de ces refuges génétiques végétal et animal.

Ensuite, il faut aussi avoir un ensemble d'alternatives aux OGM. Et lorsqu'on conduit un programme, on doit développer d'autres recherches pour le même truc. Et c'est ca qui justifie que, comme ma spécialité, c'est de trouver un procédé de lutte biologique contre la pyrale du maïs, eh bien on m'a dit "tu vas travailler avec des champignons", d'ailleurs je peux vous dire que l'usine qui résulte de mes travaux, y'a 2 usines qui ont été montées, y'en a une tout près d'ici, la boite s'est mise en place ici à Pau, et elle marche depuis plus de 20 Ans, et l'autre à l'île de la réunion. Mais j'ai d'autres collègues qui travaillent sur les trychogrammes qui sont des hyménoptères, de petites guêpes qui piquent dans les oeufs des pyrales, et j'ai d'autres collègues qui font de la génétique conventionnelle, d'autres qui font de l'agronomie, pour essayer de voir comment on peut décaler les cultures de maïs ou autres, et tout ca c'est pour avoir un faisceau de méthodes qui permette de controler la pyrale. Ca, on le fait pour tous les programmes, et quand on a fait le programme de génomique vigne contre le cournoué, il y a eu une étude conduite par Pierre Benoit Joly qui se trouve être ici aujourd'hui, conduite par l'INRA, avec des consultations de citoyens, de chercheurs, et l'un des premiers messages qu'ils nous ont dites, c'est "faites autre chose que ca, dites nous ce que vous faites, et engagez vous sur le fait que vous faites d'autres choses". Eh bien, nous l'avons fait, nous l'avons décrit, et nous continuons de le décrire. Pour autant, nous n'avons pas arrêté le programme transgénique parce que aujourd'hui, moi, je ne sais pas, et je trouve bien fort que l'on puisse dire que jamais on n'aura besoin des OGM dans un pays. Or, aujourd'hui, et c'est pour ca que je suis contre votre position majoritaire ici, je suis contre le moratoire. Pourquoi? PArce que pour moi, un moratoire n'a de sens que s'il est assujetti à des questions explicites. Et après, je suis d'accord avec Vélot: si on répond aux questions, et que la réponse n'est pas satisfaisante, je serai le premier à dire alors "on interdit l'OGM sans discussion". Mais si la réponse à la question n'est pas non satisfaisante, alors je ne vois pas l'intérêt d'en sortir. PArce que moi, je ne sais pas, avec tous les changements qu'il y a, je ne sais pas demain ce qu'on attendra de l'agriculture, on attendra je pense autant de production et de productivité, et un meilleur respect pour l'environnement. VOilà les 2 moteurs qu'on aura.

Et dire ca, ca ne veut pas dire "je ne suis pas sur que les OGM ne seront pas pertinents dans certains des cas".

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Forsans :

Ce que vous êtes en train de dire, c'est d'abord que vous êtes d'accord avec Vélot sur certains principes de faisceaux de méthodes, les OGM ne sont pas une panacée, les investigations sur le système doivent être conduites, des alternatives aux OGM doivent être recherchées; et que vous n'êtes pas d'accord avec le moratoire parce que il faut qu'il raisonne sur des questions explicites. JE ne sais pas très bien ce que ca veut dire, des questions explicites.

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Riba :

Par exemple : les allemands sont en train de mettre un moratoire, et ils ont assujetti le moratoire à la capacité des entreprises à mettre en place des plans de bio-vigilence qui seront évalués par le public. On peut discuter de ca, mais au moins, là, on sait (aujourd'hui Monsanto est interdit de culture là parcequ'il n'a pas été en mesure de produire ce plan de bio-vigilence) et les citoyens ont dit : s'il produit un plan de bio-vigilence satisfaisant, alors, on lèvera le moratoire. Je ne suis pas en train de dire, que c'est ca qu'il faut faire, il y a aujourd'hui des débats de Grenelle et autres, et je trouve ca très bien, et personnellement, si dans le débat de Grenelle, il est dit qu'il y a une suspension des cultures d'OGM parce qu'il y a telle et telle question et qu'on attends les réponses, et selon la qualité de ces réponses, on fera ou on ne fera pas, non, elles n'y sont pas les questions, si on dit qu'il y a un moratoire, il n'y a pas de questions dans un moratoire, on dit qu'on est contre les OGM, c'est un choix

(protestations dans la salle)



Il faut dire "il y a un moratoire pour tel et tel problème", et on traite le problème! Et ca c'est pas clair.

La deuxième chose, et quoiqu'il arrive, il faut soutenir la recherche : si vous posez la question : combien y'a t'il de chercheurs publiques en France qui font des OGM à vocation agronomique? C'est clair : aucun! Ils ont tous tombé le tablier, tous. Y'a personne au CNRS, personne à l'INRA, parce que le débat OGM a découragé complètement ces chercheurs là, qui culpabilisent et qui maintenant ne veulent plus travailler sur ca. Comme vous n'en voulez pas, on va être clairs :



Je ne suis pas sûr que dans le temps, vous ne reviendrez pas sur ces décisions là.

je ne suis pas sûr qu’on n’en aura pas besoin et moi je dis qu’en aucun cas il ne faut affaiblir la recherche et moi j’aimerais, s’il y a suspension de la recherche agronomique etc.., qu’au moins il y ait autorisation de la recherche y compris pour des essais au champ.

Je peux m’expliquer sur ces essais au champ : si c’est pour montrer que le maïs BT est efficace contre la pyrale, à partir du moment où il y a un moratoire sur ces cultures là, il n’y a pas besoin d’essais aux champs pour ça, je suis entièrement d’accord avec vous, c’est une question à laquelle on sait répondre, la réponse à cette question est claire et il n’y a pas besoin d’essai pour ça. Mais il y a des situations où moi je n’accepte pas d’être assujetti aux données de Monsanto et qui auront été produites aux USA.

Si nous ne faisons pas des essais pour des gènes avec des activités nouvelles dans nos contextes, si nous n’avons pas le droit de faire ces essais, les seuls qui pourront dire si ça marche ou pas sont les promoteurs de l’innovation, qui seront donc Monsanto ou autres.et ça je l’accepte pas Si nous ne pouvons pas faire d’essais,nous n’aurons pas non plus d’experts pour faire ça,.donc ça veut dire qu’on sera, non seulement tributaire de leurs réponses mais en plus on ne pourra même pas mobiliser les compétences pour obtenir ces réponses et moi j’accepte pas cette solution là.
Même s’il y a moratoire, il faut au moins que les essais pour acquisition de connaissance soient autorisés pour ne pas freiner la recherche.

Ensuite je suis d’accord sur le fait qu’il faut encadrer les cultures   transgéniques. J'admets que c’est une innovation nouvelle, qui pose des questions, et comme Vélot dit : « on ne sait pas répondre à tout », personne ne sait répondre à tout, nous non plus, alors dans ce cas là je suis en faveur de la biovigilance et en faveur d’un encadrement.
On ne peut pas assujettir ces cultures-là aux seules lois du marché. Il faut
qu’il y ait des procédures de biovigilance qui soient mises en place et que des
règles de séparation soient mises en place et aussi que des procédures de
remboursement en cas de contamination soient aussi mises en place.


Enfin il faut aussi que les essais soient autorisés à condition qu’ils soient
faits avec parcimonie. ça je l’ai dit,quand on connait la réponse à la question
c’est pas la peine de le faire,quand on peut faire autrement qu’en utilisant le
transgénique pour avoir la réponse à la question, n’utilisons pas les
OGM,faisons le autrement.

Il faut qu’ils soient transparents et moi on a pas
d’état d’âme à l’INRA. on l’a fait et ça été le fruit de ce travail, on a mis
en place deux comités où il y des consommateurs, des assos de protection de la nature, des agriculteurs qui se réunissent deux fois, trois fois par an,

Ils se sont réunis la semaine dernière, qui s’expriment, qui visitent les essais,et
il y ades débats et là on leur montre les résultats et on leur montre les
résultats dans les autres recherches qu’ils sollicitaient. Voilà il faut
que cela soit fait avec parcimonie, dans la transparence et dans le respect de
la règlementation.


Là où je diverge le plus avec Vélot c’est sur le problème de la toxicité.
Mais nom de Dieu, aujourd’hui on se pose la question de la pertinence de la
mise en culture au prétexte qu’il aurait un risque de santé publique, d’accord
?
mais expliquez moi dans ce cas là pourquoi les importations sont autorisées !
(applaudissements fournis)


moi je vais vous diredonc on est bien d’accord, s'il y a des risques de santé publique, alors ceux qui ont autorisés doivent allés en prison, on est bien d’accord
(applaudissements, oui oui (ça risque de faire du monde)



Le problème maintenant c’est de voir si ces risques là existent de santé
publique et c’est là dessus qu’on diverge avec Vélot. Effectivement il y a beaucoup d’essais qui ont été faits, et il a raison de dire qu’il n’y en a pas
suffisamment, ça serait tellement mieux qu’il y en ait tellement plus quand on
aura fait tellement plus, il dira il faut en faire encore plus ( Oh de désolation )
je vais vous dire : aujourd’hui vous en mangez, je vais vous dire, un chiffre :
dans 70% des produits tranformés, vous avez soit du gluten de maïs, soit
de la lécitine de soja. Si vous mangez des produits transformés vous avez du chouilla (c'est à dire un tout petit peu) d’OGM;
(dans la salle : « c’est de l’arnaque, c’est l’arnaque) Qualifiez le comme vous
voulez ce que je dit : il y a plusieurs centaines de milliers d’humains qui mangent des OGM.


(dans la salle : c’est comme l’amiante !)


Mais non, c’est pas comme l’amiante, il y a beaucoup d’essais qui sont faits. En effet les essais de cancérogénèses ne sont pas faits, mais par contre quand Vélot dit que : les essais doivent être suivis sur le plan toxico quand,
je te rappelle, que la toxine de BT est une protéine, je ne vois pas comment on peut suivre une protéine dans un organisme déjà bondés de protéines. c’est totalement différent du colza avec le round up. Sur la protéine BT je ne sais pas faire ça et personne ne sait faire çaje ne sais pas repérer une protéine parmi des millions de protéines.

je pense que le maïs BT est une chance, je vais même aller plus loin, je pense que la France est l’un des rares pays, sinon le meilleur pays pour développer le maïs BT

(protestations dans la salle)

non mais je ne vais pas me dégonfler.


Tout simplement parce que la pyrale du maïs est un ravageur essentiellement
mono voltin c’est à dire  une à deux générations, bi voltin ici dans cette région, la vitesse de développement de la pyrale est beaucoup plus réduit
qu’en Espagne, en Grèce ou aux U.S.A.;

Deuxièment nous avons mis au point des évaluationset de suivi des risques de résistance et nous avons des méthodes qui permettent de le suivre sur le terrain.

Dire et ça je dois dire que c’est les anti-ogm qui nous ont pousser au cul pour
qu’on fasse ces recherches et maintenant nous les avons faites et elles
sont au point et nous avons fait. Troisièmement si on développe le maïs BT sur 500 000 ha en France, on supprime 500 000 ha de traitement insecticidepuisque jusqu’à aujourd’hui lajustification des traitements insecticides s’est fondée sur la pyrale ce qui n’est pas le cas en Espagne ou dans d’autres pays.la raison pour les espagnols c’est que si eux sont fanas du maïs BT, c’est pasà cause de la pyrale, c’est à cause de la sésamie, c’est un insecte contre lequel on ne sait pas lutter par des voies chimiques et on a du mal à lutter par voie biologique, donc eux ils n’avaient pas d’alternatives pour protéger leur maïs, la sésamie va maintenant monter et les maïsiculteurs qui sont ici dans la salle et quand vous aurez deux générations de sésamie et quand la sésamie aura monter jusqu’à Poitiers, tout le sud-ouest, je ne suis pas sûr que vous ne serez pas les premiers à dire : quand même si on avait quelque chose d’efficace contre la sésamie ce ne serait pas si mal que ça . Or aujourd’hui, la seule méthode contre la sésamie c’est le maïs BT.

Je vais m’arrêter là pour laisser la parole

(applaudissements)
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il était clair que ça serait compliqué ...maintenant nous allons complétement
changer de sujet  (Forsans)

Suite : intervention de Monsieur Pèes

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